A l’origine, le discours dominant sur l’informatique nous promettait une ouverture d’esprit accrue, orientée vers la liberté des échanges non-marchands, un accroissement de la connaissance et surtout une diminution de toutes les tâches réputées rébarbatives, grâce au recours à cette technologie miraculeuse capable d’assumer à la perfection toutes les tâches qu’on voudrait bien lui confier.
A peine vingt ans plus tard, ce discours est opportunément occulté, sans doute par crainte d’une confrontation avec une réalité désormais en totale contradiction avec le postulat de départ. D’où l’omniprésence d’un nouveau discours de propagande, orienté lui vers le discours sécuritaire et qui n’entretient bien évidemment plus aucun rapport d’affinité avec le développement des connaissances humaines. Avec les avantages que l’on sait pour l’industrie, à savoir que plus les méthodes d’intrusion et de piratage se multiplient et rivalisent d’ingéniosité, plus le marché sécuritaire s’en trouve florissant et prospère.
Il se confirme qu’au lieu de produire un monde plus libre et plus égalitaire, cet immense marché qu’est devenue l’informatique génère une recrudescence de la méfiance des gens envers leurs semblables, avec comme corollaire une tendance à l’esprit paranoïaque chez certains privilégiés, prêts à tout pour défendre leurs avantages. Au lieu du monde plus libre et plus égalitaire, qui nous avait été promis, avec de plus en plus de temps libre pour chacun, et peut-être même un surcroît de spiritualité, on se rapproche peu à peu d’un monde de cinglés complètement stressés.
Patrick Rion, mars 2014